mercredi 25 février 2009

Définitions et outils du projet



Projet «Sud» Vs projet «Nord» Les deux propositions de désurbanisme s’intègrent dans la trame de Jefferson, découpage orthogonal du territoire américain, puisqu’elles reposent sur la réunion d’îlots inclus dans ce système. En effet, ces plans ont l’ambition de recomposer de nouveaux fragments urbains à partir de ceux déjà existants au sein de cette grille hyppodamienne. Ces nouvelles typologies urbaines intègrent les caractéristiques de rationalité, de systématisme déjà présentes sur le site, comme éléments constitutifs du projet (analyse des éléments caractéristique). En ce qui concerne notre position quant à la prise en compte des phénomènes en cours sur le site, nous n’avons pas adopter de stratégie de principe, chaque choix est une constante négociation à travers les éléments existants, décision de ce qui doit être considéré comme une force à préserver, ou comme une faiblesse à laisser de côté. Nos propositions sont si contraignantes que nous ne nous positionnons pas sur des phénomènes urbains établis, nous les entretenons: Le cas des regroupements des activités le long des infrastructures par exemple n’a pas été pour nous une question, nous acceptons ce principe, et tentons d’en tirer parti: il est inclus dans les communautés au Nord comme un moyen de renforcer leur identité, et maintenu au sud pour s’en servir de barrière physique entre l’infra et le bâti.

Monument, permanence et effacement
Monument, vestige d’une ancienne voirie, bordée de pavillons, et de gens qui les ont habités. Ils sont sans nostalgie, comme un signal, une allusion à la structure originelle du tissu pavillonnaire. La permanence de la ville est en question, la présence du monument menacée. Aldo Rossi désignait le monument (au sens vrai), comme un outil de compréhension et de redécouverte de la ville constituée. Dans notre projet, ce monument, c’est un voyage à travers une histoire, une mémoire collective de la ville de Détroit, qui engage des pratiques linguistiques, corporelles et sociales, c’est différent d’une histoire qui valorise les individualités et des discours du savoir. Il pourrait être jugé par certains comme un objet de dévotion archéologique, mais il est pour nous un élément moteur de la dynamique de la ville. Il structure la morphologie de la ville, en tant qu’élément permanent constitutif de l’architecture de Détroit.

«L’ architecture pour atteindre une certaine grandeur doit être oubliée, ou proposer simplement une image de référence qui se confonde avec le souvenir.»


ROSSI, Aldo, Autobiographie scientifique, Marseille : Parenthèses , 1988 p83


L’enjeu commun aux deux mises en jachère progressives du tissu pavillonnaire est de trouver ou de retrouver une flexibilité du territoire à travers la disparition du bâti d’une part, et des infrastructures d’autre part. Aujourd’hui, si le tissu pavillonnaire de Détroit fonctionne, il doit avoir un taux de remplissage de 100%, sinon on considère la situation critique. Notre approche considère que lorsque le taux de remplissage du tissu est maximal, le système fonctionne, nous ne le remettons pas en question. Mais il est si contraint que nous envisageons la dédensification comme une opportunité à saisir, pour retrouver une diversité. Nous ne cherchons surtout pas à créer cette diversité par atavisme européen quant à l’enseignement de l’architecture, ou parce que la répétition nous oppresse dans ces quartiers, cette répétition est fondamentale, c’est une caractéristique dont nous voulons assurer la pérennité. Avec les deux projets, nous attribuerons notre réussite au fait que vous jugerez qu’avec un taux de remplissage de 70, 50, ou même 10%, vous soyez convaincus de la viabilité de ce territoire, sans avoir la sensation d’une instabilité, d’une situation en devenir. Nous déploierons alors tous nos efforts pour montrer les nouvelles opportunités d’usage, l’enrichissement du tissu acquis par la flexibilité retrouvée du système.


Ainsi, nous choisissons de nous focaliser sur deux lieux aux caractéristiques de densité opposées. Le premier, au nord, dont le système de grille est aujourd’hui saturé, et le second, au sud, dans lequel est inclus notre premier site d’étude, qui présente de nombreux lots vacants, et qui a par conséquent commencé à se désurbaniser.

Nous entendons dans la mise en jachère l’attention particulière à organiser le vide, pour lui redonner à chaque instant la possibilité de se redensifier. Mais la mise en jachère sous-entend l’idée de laisser reposer, d’abandonner temporairement, alors que les deux projets refusent cette idée de mise en parenthèse, chaque lopin de terre étant viable à tout instant. On retient aussi dans la mise en jachère un phénomène saccadé, des temporalités différentes, dans une tendance générale progressive. Enfin c’est par les espaces vides, nouvellement qualifiés, et ainsi libérés de leur caractère indéterminé, que se révèle la capacité de transformation du territoire. Ces deux projets s’attachent à supprimer l’espace public, actuellement privé de capital et de définition, pour le rendre aux communautés (au nord) et aux particuliers (au sud).

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