jeudi 19 février 2009

Introduction au projet


La ville sur laquelle notre intérêt se porte est d’une grande spécificité : il s‘agit de la ville américaine ; nous nous situons géographiquement dans son centre sans l’activité économique auquel elle est associée, dans un tissu assimilé par sa forme et son activité aux «Suburbs». Dans cette confusion, nous prenons un parti définitivement urbain, entendu ici comme maintien de la forme. Mais le projet ne peut se réduire à maintenir, nous employons le dépeuplement pour révéler une diversité dans le tissu pavillonnaire, enrichir la forme, (dans notre cas réduite à un type, lui même inclut dans un système rigide). Cette diversité n’est pas gratuite comme l’architecte contemporain esthète la préconise, elle nous permet de diversifier les usages dans une lecture hiérarchisée de la ville, et lui transmettre une flexibilité qui garantira plus tard sa pérennité. Nous tentons donc d’employer la désurbanisation comme une opportunité de donner de la valeur à la ville, condition essentielle à une nouvelle densification.


La ville se vide, c’est un fait. Deux attitudes face à ce phénomène sont caricaturées : le maintien est un déni de processus en cours, l’accélération est le terrain fertile pour l’alternative, dont la radicalité mène au cynisme. La difficulté de projeter la ville de Détroit, de par sa situation économique et sociale dramatique, et la stigmatisation dont elle est victime fit l’objet d’un mémoire réalisé en Master1, et nous ne nous étendrons donc pas sur cette question. Pour briser ce dilemme, nous avons orienté notre travail vers une méthode : nous nous sommes extraits du réel, pour pouvoir comprendre dans quelle mesure une étude de la forme peut répondre à une question sociale. Nous employons le dessin de relevé comme un moyen objectif de compréhension. Mais c’est en instaurant un rituel, en s’appliquant à répéter notre protocole que nous définissons, que nous élaborons nos outils. La méthode que nous avons sélectionné est la classification, mettant le rapport affectif à la réalité accablante de la ville de côté au profit de la logique, nous permettant d’élaborer une correspondance entre structure logique de l’architecture et structure de la classification elle même. Le choix de la classification était autrefois une posture d’architecte, elle est ici employée pour enrichir nos outils, car nous avons opéré d’autre part une réduction des outils pour projeter la ville : la grille hippodamienne, et la maison sont les éléments exclusifs sur lesquels porte notre travail. Comme éléments constitutifs, notre proposition les intègre autant comme objet qu’à l’échelle de la ville. Le social et la mémoire ne sont pas pris en compte, et pourtant ils sont des éléments qui déterminent nos choix, inhérents au projet. De la même façon, peut être pour se protéger des critiques légitimes qui nous seront faites, nous préférons assumer l’ambigüité du projet quant à la question Qu’est ce qui est existant qu’est ce qui est de vous : Etant dans l’acte contraire du travail de l’architecte qui projette ce qui n’est pas mais qui est destiné à le devenir, nous projetons ce qui est mais est destiné à ne plus l’être, nous pouvons embrasser tout le site comme des éléments constitutifs du projet, ou au contraire refuser la moindre implication physique en arguant la règle comme notre seul pouvoir décisif.

Nous avons choisi de faire deux propositions pour cette mise en jachère progressive du territoire, la première quand le processus de désurbanisation n’a pas encore commencé, la seconde dans un tissu ou le phénomène est déjà en cours. La confrontation des deux est pour nous une occasion de développer deux langages, deux manières d’appréhender une réalité sur un fond commun (et éviter ainsi le rapport dualiste simplificateur), la maison et la grille. La première entretient avec rationalité, la seconde interroge avec souplesse. Le premier projet met en commun, le second divise en propriétés. Si l’on rapproche les deux propositions, elles ne peuvent s’imbriquer, mais elles renforcent chacune leur identité.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire