mercredi 25 février 2009

Projet 1: Entretenir le type et l'enrichir


« Modeler de grandes masses selon une loi générale en maitrisant la multiplicité (…) le cas général et la « loi » son mis en évidences et exaltés, l’exception est alors écartée , la nuance s’efface, règne la mesure, qui contraint le chaos à devenir une forme, une forme logique, univoque, mathématique : une loi »
1 Ludwig Hilberseimer

« Pour connaître la nature réelle du fait urbain comme œuvre profondément humaine, nous devons admettre l’actualité d’une proposition qui (…) propose de considérer aussi une dimension de l’idéal, et donc le type, comme une aspiration humaine à la certitude. » 2 Giorgio Grassi

Le principe proposé au nord s’appuie sur le taux de remplissage de 1 pour organiser la dédensification sans concession, en conservant la force du système par une stratégie rationnelle. Les règles de fonctionnement du tissu pavillonnaire sont donc conservées mais l’usage du territoire libéré est mis au service de la communauté. Ses règles conservées sont le maintien du pavillon avec sa parcelle, ses pavillons voisins et son accès direct à la rue depuis la façade principale. Ce maintien des règles n’est pas opéré dans une intention conservatrice, la principale raison est que la grille de compréhension du tissu est diaphane, elle définit le statut des sols si clairement qu’elle ne nécessite aucune barrière. La rigidité du système proposé vise à maintenir ce type d’urbanité. Le système repose sur l’organisation de la dédensification d’un, deux, quatre ou huit îlots, définissant des ères destinées à des communautés: tout le travail repose sur l’exploitation des espaces libérés, pour leur donner une définition. Ici, notre intention est de regrouper des particuliers, qui conservent leur parcelle et leur pavillon, mais qui disposent d’un nouvel espace à partager. Nous devons donc accentuer le sentiment d’identité, par le partage d’espaces sur lesquels peuvent être entreprises des activités à but lucratif, la mise en commun de ressources, l’organisation de la densité et de la perméabilité de l’entité. La constitution de ce phasage obéit aux règles exposées ci-dessous. La rigidité de cette ère programmée de 1 à 8 îlots est courcircuitée par la possibilité à tout moment de se lier à son voisin, et de se séparer au sein d’une entité. A chaque instant, des communautés peuvent donc ajouter un îlot voisin dans leur propre espace, ou même un regroupement d’îlots (qui sous-entend la présence d’une autre communauté) à condition que la phase de dédensification soit la même. Nous imposons cette condition, car elle est un facteur essentiel identitaire, qui rend visible à eux-mêmes ainsi qu’aux autres l’existence, et les frontières de cette communauté. Pour se faire, ils négocient un droit de préemption avec les propriétaires concernés, et rendent prioritaire la dédensification de l’entité la plus remplie.

1 HILBERSEIMER, Ludwig: Großstadt-Architektur, 1927, in L’ Architecture comme métier et autres écrits, Liège : Mardaga, 1983 , p 49
2 GRASSI, Giorgio, L’ Architecture comme métier et autres écrits, Liège : Mardaga, 1983 , p 50




Stratégie de désurbanisation

-Dégagement d’une aire vide en coeur d’îlot, premier élément à partager qui permet d’identifier la communauté. Nous ne pouvons imposer la constitution d’une communauté cette décision appartient aux individus qui font le choix de ce regroupement, nous incluons la possibilité d’une incapacité ou d’une indisposition à ce partage: l’espace intérieur est alors découpé entre les résidents de l’îlot, qui négocient entre eux. Pendant cette phase, on laisse le tissu se dissoudre peu à peu, sans imposer de déplacements de population. Comme une entrée en matière, c’est une fois que le coeur de l’îlot est évidé, qui prend donc un temps indéterminé, que peut être enclenché véritablement le schéma de dédensification.

-Suppression partielle des voies internes, de manière à créer une enceinte à ce nouvel îlot, qui ne peut plus être traversé. On efface ainsi une partie des voies rendues inutiles, pour renforcer l’unité du nouvel îlot. Les impasses constituées désservent 4 rangées de pavillons qui se font face, minimum souhaitable pour respecter le principe du tissu. L’espace libéré est intériorisé, nous renvoyant à l’image de la cour intérieure, il bénéficie physiquement, et visuellement, aux habitants de la communauté exclusivement, qui construit son identité: un vide, lieu de sociabilité, un élément d’échange et point de connexion entre les habitants et la matière bâtie qui les entourent... On peut regretter cette urbanité résistante plus qu’un atout prêt à amorcer la mise en jachère, laissant alors apparaître le projet comme une négation de cette dédensification. Ce n’est pas notre préoccupation, il s’agit ici d’envisager une urbanité dont la densité puisse atteindre un COS inférieur à 0,1, sans ambiguïté, maintenant autant que possible le rapport du bati à l’espace public dans l’épaisseur de sa périphérie. Il n’est pas question pour nous de fantasmer la zwischen city, ou le Landscape Urbanism. Nous faisons donc une distinction entre l’appréhension de la ville depuis l’espace public, et celle du résident qui détient un autre regard, cette fois intériorisé, qui participe à la constitution de son espace habité.

-Suppression de l’épaisseur bâti, côté voirie orientée Est/Ouest, et retardement de la découverte de ce vide. Il s’agit de supprimer les impasses, pour conclure cette disparition de la voirie orientée Nord/Sud. Mais cette disparition doit rester relative, nous voulons en garder la trace par l’introduction du monument. Nous avons défini les conditions de sa mise en oeuvre: inhabité, il est mis en place pour conserver une enceinte, pour distinguer le dedans du dehors. Il est lié à l’infrastrucure disparue, et renforce l’identité de la communauté, mais sa présence reste dépendante de son contexte: comme le plan de Hausman pour Paris, il ponctue une perspective. Le monument est désacralisé, il devient un instrument typolgique. Paradoxalement, la permanence du monument reste seulement associée à l’élaboration de la définition de notre monument, car nous le manipulons sans précaution particulière: Si l’infrastructure disparaît, la perspective n’existe plus, le monument devient inutile, il est détruit. Nous envisageons que c’est cette fois c’est l’infrastructure qui est mise en jachère, dans le sens qu’elle n’a pas disparu. Elle est mise en sommeil, prête à retrouver son usage au moment de la redensification. En fonction de l’usage du coeur d’îlot déterminé par une communauté, ces voies peuvent partiellement réapparaître, structurant ce vide à reconquérir.

-Raccrochement du vide du cœur de l’îlot à l’infrastructure environnante dans la longueur de ce dernier, depuis la voie orientée Nord/Sud. Ainsi, l’îlot laisse à voir sa tranche intérieure vide, en opposition avec l’alignement des pavillons encore présents. Cette typologie fait écho à celle d’origine dans le sens où elle retrouve cette même organisation de trame verticale. De plus, elle s’apparente à une organisation repérée dans notre étude des éléments caractéristiques du plan parcellaire.

-Expansion du vide dans la largeur de l’îlot: l’alignement des pavillons subsistant, constitutif de l’ilot d’origine, disparaît, et l’unité devient traversée dans ces deux axes principaux par le vide. Par cette liaison horizontale à l’infrastructure, l’ilot s’ouvre, sa périphérie laisse apparaître l’espace libre interne. Attentif à retrouver une souplesse en fin de processus, on inverse la logique précédente puisqu’au lieu de définir un ensemble destiné à disparaître, nous prescrivons le maintien des quatres pavillons aux angles de l’ensemble. Les parcelles baties restantes subissent alors ce phénomène d’abandon non réglementé de désurbanisation déjà observé dans la partie sud du site de projet. L’avant dernière phase désigne le maintien d’un ensemble de bati à l’un des angles, généralement le moins touché par la destruction. Ce groupe de maisons constitue alors les derniers éléments du système d’origine encore habité. Dans la phase ultime, ces dernières viennent à disparaître, comme pour l’entrée en matière, dans une temporalité étirée retrouvée. L’unité est alors complètement vidée de ses habitants. Seul subsiste les monuments et quelques tracés, témoins de l’urbanisation de ce territoire.









Exemple d'une communauté de deux îlots:

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